Homélie du père Bouchard «Pentecôte»

La Pentecôte 2018

Cette année, en lisant la deuxième lecture, alors que Paul nous parle des fruits de l’Esprit-Saint, il m’est venu à l’idée de distribuer des «SPIRITUS». Je me suis dit, il y a la remise des Oscars au cinéma, des Oliviers pour l’humour, pourquoi pas des «Spiritus» pour des témoins de la foi de Ste-Rose, qui sont déjà retournés vers le Père. Ces personnes, selon moi ont marqué l’histoire religieuse des 50 dernières années de notre communauté chrétienne. Laissez-moi vous parler de la présence de l’Esprit Saint dans leur vie et qui a eu une influence heureuse dans notre milieu.

Pour le fruit de l’AMOUR, j’ai toute de suite pensé à sœur Berthe, religieuse de Ste-Croix, qui fut longtemps en éducation à Ste-Rose, surtout directrice d’école, ensuite elle fut secrétaire à la paroisse pendant plusieurs années, elle connaissait tout le monde. Chaque mois elle téléphonait à des personnes pour leur parler, les encourager, les soutenir de sa prière. Sa liste était longue, c’était son ministère de soutien pastoral. Elle était l’amour en personne, toujours soucieuse du bien des gens. Un jour, elle voit un jeune avec une coiffure à l’iroquoise et des cheveux dressés très longs comme givrés, alors elle lui demande tout bonnement : « je peux toucher à tes cheveux?» Lui de  répondre bien sûr et il se pencha. Elle lui dit : « c’est bien ». Il n’y a qu’elle qui pouvait faire cela sans s’attirer des problèmes. Elle est décédée à 98 ans, après une vie bien remplie et sa mission bien accomplie. Merci Sœur Berthe, tu as mérité le spiritus de l’amour. Elle avait un secret, une cuillère à thé de Napoléon (cognac) dans son café le matin.

Pour le fruit de la JOIE, j’attribue le spiritus à un sculpteur de plusieurs œuvres religieuses dans de nombreuses églises du Québec, monsieur Gaëtan Therrien. Pour lui, pratiquer la sculpture  était quelque chose de spirituel, ses œuvres le démontrent très bien.  Il exerçait cet art avec joie et finesse. Sa créativité était inspirée par sa foi et sa vie de prière. Il m’a donné un crucifix qu’il avait moulé pour en sculpter un plus grand pour une église. Il est magnifique, c’est sa vision du Christ sur la croix. Ses œuvres témoignent de son engagement de foi dans la joie du travail artistique accompli. Merci Gaëtan Therrien.

Pour le fruit de la PAIX, je donne le spiritus à madame Monique Arnoldi, cette grande dame digne et paisible, qui s’est dévouée pour Développement et Paix durant plusieurs années. Elle inspirait la paix et s’est éteinte paisiblement dans la satisfaction d’une vie bien vécue dans la foi au Christ proche des défavorisés. Merci madame Arnoldi.

Pour le spiritus de la PATIENCE, le gagnant est : Claude Perraton, qui fut sur le comité de la pastorale du baptême plusieurs années. Cet homme de foi profonde, ce sage, cet homme cultivé savait accompagner patiemment les jeunes couples qui demandaient le baptême pour leur enfant. Il avait la parole pertinente pour aider les couples à découvrir la grandeur du baptême. Claude était un disciple du Christ enseignant avec amour et patience. Merci Claude pour toute cette patience évangélique.

Le spiritus de la BONTÉ, le récipiendaire est Gérard Laurain, le bénévole qui répondait à toutes les demandes de secours. En plus de prendre soin de son épouse malade, il savait consacrer du temps pour les autres dans le besoin, par le service de la Saint-Vincent-de-Paul. Il était au front de l’entraide et au service de sa communauté chrétienne. Gérard était bon. Merci à toi.

Le spiritus de la BIENVEILLANCE, est attribué à nul autre qu’André Laramée. Il savait veiller au bien des pauvres et des gens dans le besoin. Seul pour l’éducation de ses enfants, son épouse étant malade, n’ayant pas la vie facile, il était au volant de son scooter pour voler au secours des nécessiteux. Le pape François dirait de lui qu’il était le missionnaire de la périphérie. Merci André et repose-toi bien auprès du Seigneur.

Lucienne Campeau, l’apôtre de la prière et de l’adoration, mérite le spiritus de la FIDÉLITÉ. Sa vie fut une longue fidélité à son Seigneur, son époux et ses enfants. Sa mission de transmettre la foi c’est fait dans un respect de la liberté. Elle a écrit une lettre  qui devait être lue après sa mort, qui est un hymne à la liberté et la fidélité, en fait une page d’évangile pour aujourd’hui, dans cette lettre elle dit toute sa foi et son amour pour Dieu qu’elle a voulu transmettre aux siens. Merci Lucienne de cet héritage.

Le spiritus de la DOUCEUR va à Monique Lacombe, femme de prière et d’intériorité, femme de Dieu et de douceur. Jamais elle ne critiquait les autres et elle avait ce quelque chose de mystérieux, même mystique. La béatitude d’heureux les doux lui fait comme un gant. C’est en pleine  sérénité et de douceur qu’elle s’est préparée à la mort. Merci Monique de ta vie de prière et de tes douceurs.

Enfin, Paul nous parle de la MAÎTRISE DE SOI comme un dernier fruit de l’Esprit-Saint et là le spiritus est remis à Louis Langlois, ancien président de notre conseil de pastorale, homme de justice et du respect des travailleurs. Il était un syndicaliste maître dans l’art d’animer les débats avec paix et diligence. À un âge certain, il a aussi préparé son mariage dans l’esprit de la lettre sur la famille de Jean-Paul II. Louis était un homme de la maîtrise de soi de par sa nature. Merci Louis de ton engagement pour ta paroisse.

Toutes ces personnes ont sûrement une place auprès du Seigneur Notre Dieu dans la communion des saints. En célébrant la Pentecôte, nous pouvons affirmer que notre communauté chrétienne a été choyée d’avoir eu en son sein de tels témoins. Ces personnes ont exercé leur ministère baptismal en actualisant les fruits de l’Esprit-Saint, nous en rendons grâce à Dieu. À nous maintenant de prendre le relais et d’aller dans nos familles, nos milieux de travail, notre quartier pour être des porteurs de l’Esprit-Saint, il saura nous donner les mots et guider nos actions pour annoncer la Bonne Nouvelle du salut.

Au fond de nous habite cet Esprit-Saint qui est déjà au travail et laissons-le s’exprimer en nous et par nous et marchons sous sa conduite.

Amen.

Michel Bouchard, curé